Comme c’est souvent le cas pour les gouvernements qui entrent dans leur deuxième mandat après avoir engendré la polémique lors du premier, le cabinet du premier ministre François Legault a pour but de rafistoler les choses.
Comme c’est souvent le cas pour les gouvernements qui entament leur deuxième mandat après avoir froissé des plumes lors du premier, le cabinet que le premier ministre François Legault a dévoilé jeudi dans le Salon Rouge de l’Assemblée législative – composé de 30 ministres – a pour but de rapiécer les choses.
Pour les Québécois d’expression anglaise, il y a le retour d’un ministre responsable de leurs dossiers, un geste destiné à aplanir les difficultés d’une communauté toujours irritée par les projets de loi de la Coalition Avenir Québec, comme le projet de loi 21 sur la laïcité de l’État et le projet de loi 96 sur la révision de la Charte de la langue française.
L’homme qui s’est vu confier le poste n’est autre qu’Eric Girard, l’ancien banquier parfaitement bilingue qui occupe le poste de ministre des finances. Girard reprend le rôle de Legault lui-même. Les groupes minoritaires ont déclaré qu’avec toutes ses autres responsabilités, Legault n’avait pas vraiment le temps de s’occuper des anglophones.
Pour apaiser les relations avec les immigrants profondément affectés par les commentaires de l’ancien ministre Jean Boulet pendant la campagne électorale et par la perception d’un manque de sensibilité de la part du gouvernement de la Coalition Avenir Québec, M. Legault a nommé une nouvelle ministre de l’Immigration, Christine Fréchette.
Considérée comme une personne ayant une grande sensibilité montréalaise – elle parle trois langues, le français, l’anglais et l’espagnol – Fréchette a été, dans une vie antérieure, chef de cabinet adjointe de l’ancien chef du Parti québécois Jean-François Lisée.
Fréchette a quitté ce poste en 2014 pour exprimer son désaccord avec l’ancienne charte des valeurs québécoises du parti. Elle sera maintenant assise en face de l’homme qui a rédigé cette charte, Bernard Drainville, qui s’est recyclé en politicien de la CAQ. Jeudi, M. Legault a nommé M. Drainville au poste de ministre de l’Éducation.
Il y a eu un autre mouvement, celui-ci pour contrer l’image de la CAQ comme assez indifférente au racisme au Québec, un thème récurrent du premier mandat du parti. M. Legault a nommé le député de Sainte-Rose Christopher Skeete au poste de ministre responsable de la lutte contre le racisme, en remplacement de Benoit Charette, qui était également ministre de l’Environnement.
Fils d’une mère francophone et d’un père originaire de Trinité-et-Tobago, M. Skeete est fier de ses racines noires. Il était membre du groupe de travail que M. Legault a mis sur pied en 2020 pour proposer des idées pour lutter contre le racisme. L’une de ses idées était de nommer un ministre responsable de la question.
La communauté autochtone du Québec a également bénéficié d’une attention particulière avec la nomination de Kateri Champagne Jourdain, première femme autochtone élue à l’Assemblée nationale, au poste de ministre de l’Emploi. Dans son discours après l’assermentation, M. Legault a qualifié l’arrivée de Mme Champagne Jourdain d’historique.
Enfin, le cabinet offre un rameau d’olivier à Montréal, où la CAQ n’a toujours que deux circonscriptions et, à certains égards, s’est sentie négligée ces quatre dernières années par un gouvernement élu par les électeurs qui vivent en région. Les relations entre Legault et la mairesse Valérie Plante ont toujours été froides.
Ce cabinet a été clairement conçu pour faire savoir aux Québécois que le premier ministre est conscient des problèmes qui ont été identifiés pendant l’élection et que lui et ses collègues travaillent avec diligence pour réparer les lacunes et les faiblesses. Appelez ça un cabinet de branche d’olivier.