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Le premier ministre Legault a abandonné l’idée d’une taxe anti-vax à Québec, invoquant la nécessité de préserver la paix sociale. Les partis d’opposition l’ont accusé mardi le premier ministre d’avoir lancé cette idée pour faire diversion à la mauvaise gestion de la pandémie.
Alors que le soutien aux mesures de lutte contre la pandémie COVID-19 s’effrite et que des menaces de manifestations similaires à celles des convois de camions à Ottawa sont en train de s’organiser, M. Legault a sonné la retraite précipitée de la taxe surnommée “taxe anti-vax” – aux Québécois qui ne sont pas vaccinés.
M. Legault a néanmoins défendu la taxe, affirmant que lorsqu’il l’a lancée le 11 janvier, il pensait qu’elle serait un bon incitatif pour amener les quelque 540 000 Québécois non vaccinés à se faire vacciner.
Mais il a ajouté que l’humeur a changé au cours des trois dernières semaines et que les gens sont de plus en plus impatients que la cinquième vague de la pandémie soit terminée. Ce ne serait pas une bonne idée de procéder à une autre restriction maintenant, a déclaré M. Legault lors d’une conférence de presse à l’Assemblée législative.
“Quand on voit ce qui se passe dans notre société, quand on voit ce qui se dit sur les médias sociaux, je m’inquiète de la division des Québécois”, a dit M. Legault. “Mon rôle de premier ministre est d’assurer la sécurité des Québécois, mais aussi d’assurer une certaine paix sociale.
“Je comprends que cela divise les Québécois, et en ce moment, nous devons construire des ponts, nous écouter les uns les autres. Les Québécois doivent rester unis. Nous ne voulons pas que le Québec soit divisé entre les 90 % de Québécois (qui sont vaccinés) et les 10 % restants (qui ne le sont pas).”
M. Legault a adopté un ton conciliant, tendant la main à ceux qui ont des craintes au sujet du vaccin. Il a dit avoir confiance que le plan du ministre junior de la Santé, Lionel Carmant, visant à courtiser les personnes non vaccinées, donnera les résultats recherchés par la santé publique.
M. Legault a insisté sur le fait que sa décision de ne pas mettre en œuvre la taxe santé n’avait rien à voir avec d’éventuelles protestations. Plusieurs groupes – dont un dirigé par le chef syndical Bernard (Rambo) Gauthier – ont publié des messages sur les médias sociaux ces derniers jours, menaçant de descendre dans les rues de la capitale provinciale ce week-end.
De telles protestations coïncideraient avec le Carnaval d’hiver annuel du Québec, qui débute vendredi.
Le revirement de Legault a été une surprise. Aussi tard que vendredi, des membres de son propre caucus disaient que la taxe allait être imposée. Les personnes non vaccinées auraient été facturées de 100 à 800 dollars pour compenser le fardeau supplémentaire qu’elles imposent au système de santé.
Les quatre partis d’opposition ont critiqué cette taxe, affirmant qu’une telle politique contreviendrait à l’idéal de soins de santé gratuits et également accessibles pour tous au Canada.Arrivés mardi pour le premier jour de la nouvelle session de l’Assemblée nationale, les leaders de l’opposition ont attaqué le premier ministre, l’accusant d’avoir lancé cette idée pour faire diversion à sa mauvaise gestion de la pandémie.
Le premier ministre Legault a acquis la réputation d’aller de l’avant avec des politiques audacieuses, et parfois contre-intuitives, s’il pense qu’elles sont dans l’intérêt du Québec. Sa capitulation sur la taxe anti-vax est peut-être révélatrice d’une approche plus prudente que le populaire premier ministre sortant adoptera à l’approche des élections provinciales de l’automne.