Rapport cinglant sur les CHSLD à Québec

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Personne au Canada n’avait prédit que le virus allait frapper les aînés dans les résidences si durement, car on croyait, au début de la pandémie, que les hôpitaux et les services d’urgence prendraient le coup, a déclaré Premier Ministre Legault, aux journalistes lors d’une conférence de presse mardi.

M. Legault réagissait à un rapport cinglant de soixante-six pages de la protectrice du Québec, qui blâme le gouvernement pour avoir pris la décision malencontreuse de transférer des centaines de résidents dans les foyers de soins de longue durée du Québec, afin de libérer des lits d’hôpitaux pour les patients prévus du COVID-19.

Le gouvernement du Québec a mal évalué les risques liés au transfert de personnes au sein de ce réseau sous-effectif et mal équipé, et les résultats ont été catastrophiques.

Des 5,634 décès dus au COVID-19, signalés au 30 juin 2020, 69% — soit 3,894 décès — se sont produits dans les CHSLD, a indiqué la protectrice du citoyen Marie Rinfret dans son rapport final sur la gestion de la crise par le gouvernement en 2020, déposé à l’Assemblée nationale mardi le 23 novembre. 

Les partis d’opposition ont rapidement réagi à ce rapport, affirmant qu’il prouve que le Québec a besoin d’une enquête publique complète sur la pandémie.

Bien que le gouvernement affirme avoir averti les CHSLD de se préparer à la pandémie dès janvier 2020, le rapport indique qu’aucune action réelle n’a été prise avant avril, lorsque la tragédie de la résidence Herron a été révélée dans la Gazette de Montréal.

Basé sur des mois d’enquête sur le terrain et dans les hautes sphères du gouvernement, le rapport décrit un «gouffre» entre le ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec et les autorités sanitaires régionales responsables des CHSLD.

Il y a eu des avertissements venant de la base, mais personne n’y a donné suite, note Mme. Rinfret.

Les CHSLD n’ont jamais été conçus pour gérer un tel afflux de nouveaux résidents, ni un tel virus. Le manque d’équipements de protection individuelle, les problèmes d’aménagement des zones de confinement chaudes et froides, ainsi que la mobilité du personnel à l’intérieur et entre les CHSLD, ont «contribué à la propagation» du virus.

La décision du Québec d’interdire les visites des aidants naturels a eu des conséquences néfastes sur la santé mentale et physique des résidents, indique le rapport.

Aussi, l’absentéisme du personnel a aggravé le problème. Entre le 1er mars et le 14 juin 2020, 13, 581 travailleurs de la santé ont contracté le COVID-19 — soit 25 % des cas signalés lors de la première vague. Onze d’entre eux sont décédés, tandis que d’autres ont été laissés  «malades de l’âme» par la mort et la souffrance qui se sont produites sous leurs yeux pendant des semaines.

L’approche du Québec contrastait fortement avec la façon dont la pandémie a été gérée dans les foyers pour personnes âgées de la Colombie-Britannique. Selon Madame Rinfret, depuis le début, le ministère de cette province a été très proactif. Dès qu’un état d’urgence sanitaire a été déclaré, le 7 mars 2020, «des équipes ont été rapidement déployées.»

Legault et Justin Trudeau ont parlé de l’importance de nos aînés au Canada tout au long de  la pandémie. Les aînés ont été parmi les premières personnes à être vaccinées, mais quand on regarde les détails du rapport des CHSLD à Québec, c’est difficile de croire aux promesses faites par les deux leaders. Pour Legault, qui fait face à une élection en 2022, ce rapport va être difficile à défendre quand il y aura plusieurs familles qui ont perdu leurs êtres chers en CHSLD. Il faut protéger nos aînés, et ce n’est certainement pas ce qui s’est passé au Québec. Il faudra faire mieux la prochaine fois.

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